La désinformation en ligne, a de multiples facettes, et peut diffuser un récit qui n'a jamais eu lieu, comme le sont les « fake news ». Parmi ces fausses nouvelles, d’autres contenus consistent à dissimuler des informations pertinentes, à donner des comptes rendus différents, à mal interpréter les faits basés uniquement sur les titres, les textes et les vidéos.

Lors de la 11ème session de la Commission binationale Afrique du Sud-Nigeria (qui s'est tenue au Cap - 3 décembre 2024), une vague d'indignation a éclaté sur les médias sociaux.

Durant cette 11ème session, le président sud-africain a déclaré, que les hommes d'affaires et touristes nigérians pouvaient désormais obtenir un visa (Visa de 5 ans à entrées multiples) sans avoir à présenter leur passeport. Cette mesure intervient, après que de nombreux Nigérians aient manqué des voyages d’affaires en Afrique du Sud; car suite à la longue procédure de demande de visa de nombreux passeports physiques ont été bloqués dans les ambassades Sud-africaines.

MDN NEWS  a relayé sur son compte X: « Dernières nouvelles: L'Afrique du Sud va assouplir les règles concernant les demandes de visas afin de stimuler le commerce avec le Nigeria”. Le président Ramaphosa a annoncé, la mise en place d'un visa simplifié de cinq ans,à entrées multiples, destinés aux touristes nigérians, et dont l'obligation de présenter un passeport n’est plus nécessaire. Il a également souligné l'importance de renforcer les échanges commerciaux en déclarant : « Nous souhaitons que les produits nigérians soient sur nos étals. »

Les réactions ne se sont pas fait attendre dans les médias; un utilisateur de X, a posté, dans un tweet désormais supprimé: « L'Afrique du Sud prévoit pour les touristes nigérians d'introduire un visa de cinq ans, sans avoir l'obligation de présenter un passeport. »

Natasha Huckfield ,s’invitant dans le débat, a répondu : « Les gens ont besoin d'un passeport pour entrer dans n'importe quel pays du monde afin de contrôler qui entre dans le pays... mais pourquoi le président Sud-africain supprime cette exigence?“

Dans cette surenchère de réactions, certains sont même allés jusqu'à demander la démission du président, comme  Ngwana wa Dukes :« Ramaphosa doit démissionner!».

Afin de calmer les esprits,  Hulisani Martin,  a incité sur X, les commentateurs indignés de regarder la vidéo afin de juger par eux-mêmes « Vous devez apprendre à écouter...Écoutez la vidéo...vous vous rendrez compte que vous faites toute une histoire pour rien! ».

Une rivalité permanente source d’interprétations falsifiées.

Les Sud-Africains et les Nigérians entretiennent depuis longtemps “une vieille rivalité”. Cette rivalité, s’exprime dans les domaines du sport, du divertissement et de l'immigration, favorisant des attaques xénophobes dirigées contre des particuliers et des entreprises.

Les préjugés ont contribué à ce que de nombreux individus prennent au “premier degré” le discours du président Cyril Ramaphosa.

L’Afrique du Sud a mis au point, en 2019, un système de visa électronique. Ce système est disponible dans 34 pays, dont le Nigeria. L'annonce du président signifie que les Nigérians et les autres pays éligibles, peuvent désormais obtenir un visa électronique, en téléchargeant une copie électronique de leur passeport .Le visa une fois approuvé , le sera par une simple vignette apposée sur le passeport; il suffira au propriétaire de présenter son passeport dès son arrivée sur le territoire sud-africain.

Le président a également évoqué le soutien de l'Afrique du Sud pour que le Nigeria rejoigne le G20, afin de renforcer les liens économiques entre les deux grands états de l'Afrique et ainsi de réduire leur rivalité mutuelle.

La déclaration sur le visa électronique a été sortie de son contexte, parce que la plupart des blogs qui ont relayés une information inexacte, qui s'appuient encore sur la stratégie de “l'appât à clics” pour obtenir de la visibilité. Certains publics ne lisent que les titres, ce qui est très rentable pour les médias qui pratiquent “l'appât à clics”. Compte tenu de la rivalité entre les deux pays, les émotions ont joué un rôle clé dans la désinformation. Certains usagers des réseaux sociaux ayant déjà une idée préconçue.

À l'ère des médias en ligne et de la désinformation croissante, le public peut contrer la désinformation en vérifiant les faits de ces médias à l'aide d’outils en ligne facilement accessibles. Google Factcheck Explorer, l'outil de recherche d'images inversées, les sites web de vérification des faits sont autant d’atouts pour contrôler les vidéos comme celle de l’intervention du président sud-africain (cité plus haut).

Il peut arriver que les médias diffusent des informations erronées; l’effort doit se porter sur chaque individu afin de diffuser une information honnête et responsable. C'est à chacun de s’assurer des informations fiables, avant d'appuyer le bouton « partager », « aimer » ou « commenter ».

Charity Ani KOSISOHUKWU