Primo-diffuseurs sur les réseaux sociaux, mais aussi nouvelle génération de journalistes, les jeunes nigériens constituent l’avenir de l’information dans le pays. Directeur de l’école supérieure de journalisme et de communication (ESJC) à Niamey, Idrissa Ousseini souligne son importance dans le contexte actuel : « Nous sommes dans des pays avec un fort taux de jeunes. Il est bien beau de vouloir partager de l’information. Cependant, il faut qu’ils aient les moyens techniques de pouvoir analyser et traiter ce à quoi ils font face en ligne. Ils sont beaucoup plus exposés à la désinformation que les adultes. »

Initier les consommateurs de news en ligne à la vérification, mais aussi développer leur esprit critique est donc essentiel. Cela vaut d’autant plus pour les futurs chercheurs de vérité. « C’est maintenant que l’on a besoin d’une jeunesse qualifiée. Il faut qu’elle sache tirer le vrai du faux afin de ne pas induire nos communautés en erreur et renforcer le sentiment de confiance envers les médias […]. » poursuit le directeur de Radio Jeunesse Boukoki. En temps de crise politico-sécuritaire, la sensibilisation de la nouvelle génération occupe une place de choix dans la création d’un avenir sain. Porte-paroles de la réalité, les journalistes et communicants ont un véritable rôle d’acteurs du développement au sein du territoire.

Point sur la crise informationnelle

Le classement RSF place le pays en 61e position.

Niger
Reporters sans frontières assure la promotion et la défense de la liberté d’informer et d’être informé partout dans le monde. L’organisation, basée à Paris, compte des bureaux à l’international (Berlin, Bruxelles, Genève, Madrid, Stockholm, Tripoli, Tunis, Vienne et Washington DC) et plus de 150 correspondants répartis sur les cinq continents.

Au Niger, comme partout au Sahel, le paysage médiatique tend à se développer. Au sein des rédactions, une crise informationnelle se ressent. En 2023 déjà, le Bureau du Conseil d’Administration de la presse au Niger exprimait « une profonde inquiétude » quant à la situation. Dès lors, l’auto-censure constitue une tactique de survie de choix pour certains médias et le traitement de l’information de plus en plus patriotique.

Pourtant, l’objectivité est au cœur même d’une bonne pratique journalistique. S’il est humainement impossible d’être totalement impartial, la déontologie du métier impose une neutralité lors de tout traitement de l’information.

Interrogé par le Cercle des Communicants et des Journalistes Francophones (CCJF), le journaliste Olivier Assogbavi partage son opinion sur les difficultés rencontrées par la profession au Niger : « Ici comme ailleurs, le journalisme est un métier à risque […] Par ailleurs, il manque un cadre de formation professionnelle adapté aux besoins actuels du métier, ce qui n’encourage plus les jeunes à s’y intéresser ».