Le « fact-checking » devient incontournable. Les campagnes de désinformation pullulent sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques. En particulier à l’approche d’élections. Dans le viseur : des responsables politiques à discréditer, des débats publiques à fragiliser et des discours haineux à amplifier. La Côte d’Ivoire, loin d’être un cas isolé en Afrique, se prémunit de ce fléau.
Attention aux faux comptes et faux médias
Meta, l’entreprise mère de Facebook et Instagram, comme d’autres grandes entreprises de technologie, traquent les « comportements inauthentiques coordonnés ». Une série d’initiatives l’a notamment amenée à créer son « centre opérationnel virtuel ». Celle-ci se dote d’experts en données, d’ingénieurs et de juristes. Son objectif : détecter les faux comptes destinés à influencer l’opinion publique. L’un de ses rapports vient de mettre en évidence une nouvelle manœuvre de duperie en Afrique. Les racines traduisent un phénomène de manipulation global et ancien…
Pour prendre le cas du Burkina Faso. De faux comptes sont épinglés pour avoir reproduits, presque à l’identique, des médias légitimes, afin d’y publier du contenu partisan. L’entreprise mère Meta se rend compte de récits d’actualité et de commentaires positifs sur le gouvernement de la transition, émanant d’un faux groupe de comptes, déjà détectés en 2021. Il s’agit de l’œuvre d’« Aimons notre Afrique ». Une dite ONG ivoirienne aux multiples ramifications, qui provient de financements douteux. L’entreprise supprime donc 134 comptes Facebook et 20 comptes Instagram. Le mal est déjà fait : 70 000 personnes s’abonnent !
L’utilité de la vérification des sources et de la formation en Côte d'Ivoire
Il faut le rappeler. En Côte d’Ivoire, les acteurs de la presse numérique s’associent au sein d’un Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne (REPPRELCI). L’une des missions abouti à la mise en place d’une plateforme accessible à tous : Ivoirecheck.com. Inspirées, de nombreuses rédactions proposent même une rubrique dédiée au fact checking sur leur site.
Pour détecter une fausse information, rien de mieux que la formation. A ce sujet, les initiatives ne manquent pas : une école a même vu le jour à Angré Château, à Abidjan, 100% gratuite. D’une manière générale, l’esprit critique, le croisement de sources et l’utilisation d’outils font foi. Dans le cas d’authentification d’une photo ou d’une vidéo, il suffit de consulter Google images, Yandex, Tineye, Bing etc. Des réflexes que chaque Ivoirien peut adopter!
En l’absence de méthode, la législation s’applique
L’AIP (agence ivoirienne de presse) comme bien d’autres, s’est fixé une ligne directrice. Si une alerte se déclenche sur les réseaux sociaux et sur les sites Internet, la rédaction procède à des vérifications de sources et d’exactitude de l’information avant toute publication. Egalement, en cas d’incrimination d’une personne ou d’une institution, chaque partie prenante est contactée pour récolter les avis, afin de ne pas induire en erreur les lecteurs, rappelait, il y a peu, son rédacteur en chef adjoint Mamadou Traoré.
En Côte d’Ivoire, la vérification des faits et l’éducation aux médias devient l’affaire de tous. La législation, adoptée le 31 janvier 2023, soumet à un cadre juridique quasi similaire aux médias, les influenceurs, les blogueurs et les activistes des réseaux sociaux ayant plus de 25 000 abonnés. En cas d’infractions (incitation à la haine, provocation publique, etc.), les inculpés risquent jusqu’à un an d’emprisonnement et une amende de 10 000 000 francs CFA.
Le phénomène dévastateur de la désinformation émanant d’États étrangers ajoute un peu plus de complexité. Aussi, avant de diffuser une information virale, la règle à suivre est surtout celle du bon sens.