Au Mali, la désinformation en santé, alimentée par les réseaux sociaux, pose un grave danger pour la santé publique. Les fausses informations sur les vaccins et les "remèdes miracles" aggravent la situation, surtout dans un contexte de soins limités et de croyances traditionnelles influençant les comportements.

Un phénomène inquiétant

La désinformation en matière de santé au Mali est un phénomène préoccupant, amplifié par la rapidité des réseaux sociaux. Les rumeurs concernant les vaccins, notamment ceux contre la COVID-19, ont alimenté une méfiance croissante envers les initiatives de vaccination.

Parallèlement, les "remèdes miracles" continuent de séduire une large portion de la population. Cette situation constitue un obstacle majeur à la lutte contre les épidémies et la vaccination de masse. Le recours à la médecine traditionnelle est courant, notamment dans les campagnes et même dans les villes.

 « La désinformation sur les réseaux sociaux alimente une méfiance croissante envers la médecine moderne, en particulier dans les communautés rurales. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant quand il concerne des traitements de maladies graves. Il est donc crucial d'engager une campagne de sensibilisation pour renforcer la confiance des populations dans les soins scientifiques tout en respectant les spécificités culturelles », déclare Dr Fatoumata DICKO, médecin et communicante médicale.

Pourquoi les fake news médicales prolifèrent-elles ?

Plusieurs facteurs expliquent la viralité de ces fake news. Tout d’abord, l’accès limité à des informations fiables constitue une des premières raisons. Cette absence d’éducation aux médias fait qu’une grande partie de la population se tourne vers des plateformes comme WhatsApp, où les informations circulent rapidement sans possibilité de validation. Ce manque de contrôle des informations a un effet direct sur la santé des individus, les rendant vulnérables aux fausses croyances.

Un autre facteur majeur est l’exploitation de la peur et des émotions par les fausses informations. Les fake news, notamment sur la COVID-19, ont exacerbé les craintes collectives, notamment celle d’un complot mondial.

Enfin, les pratiques médicales traditionnelles, profondément ancrées dans les croyances culturelles maliennes, contribuent à la propagation de la désinformation. Cette confiance dans les remèdes traditionnels rend difficile l’acceptation des soins médicaux modernes, en particulier quand les nouvelles pratiques sont perçues comme étrangères ou imposées de l’extérieur.

Les efforts pour combattre la désinformation médiale

Pour lutter contre la désinformation médicale au Mali, il est essentiel de renforcer la communication et de rendre l’information plus accessible. Les professionnels de santé doivent investir les réseaux sociaux et les médias pour diffuser des contenus fiables, comme le font déjà l’OMS et l’UNICEF. Le fact-checking est un levier clé, avec des plateformes comme Benbere qui vérifient et démystifient les fausses informations de santé.

Par ailleurs, l’implication des leaders religieux et communautaires est primordiale. Par exemple, une étude a montré que la formation des acteurs religieux à la promotion de la vaccination peut changer la perception de la santé et du bien-être des communautés. Cependant, la lutte contre la désinformation médicale nécessite également un engagement fort de, la régulation de la presse en ligne et l'adoption d'une loi sur la cybercriminalité pour contrer la désinformation.

Protéger la santé publique passe donc par une approche collective combinant éducation aux médias, engagement des figures influentes et implication active des autorités pour encadrer l’information et favoriser l’accès à des données médicales vérifiées.

La désinformation médicale au Mali, notamment sur les vaccins et les traitements non prouvés, menace la santé publique. Il est crucial de promouvoir une communication claire, renforcer l'éducation aux médias et impliquer les leaders d'opinion. Sensibiliser à la vérification des informations est essentiel pour protéger la santé et restaurer la confiance dans le système de santé.

Article rédigé par Abdoussalam DICKO