Unhumainprend plus de 35 000 décisions par jour, la plupart étant subjectives. Pour gérer ce flux constant d’informations et de réactions, le cerveau traite ces messages selon un processus. Celui-ci peut parfois mener à des erreurs, connues sous le nom de biais cognitifs.« La première impression est la plus importante » ou encore, « la première impression est toujours la bonne ». Populaires, ces expressions illustrent parfaitement ce en quoi consiste le biais d’ancrage.
Aussi désigné comme le « biais de point de départ », il vient perturber la prise de décision. Il décrit notre tendance à accorder trop d'importance à la première information reçue, et la première à être disponible en mémoire. Ainsi, l’« ancre initiale » marque fortement le cerveau, incitant l’individu à la croire et à s’y fier davantage lors d’une prise de décision.
«Lorsque les personnes prenaient plus de temps pour réfléchir aux réponses fournies, elles s'éloignaient davantage de l'ancre, cela diminuait l'effet sur leur prise de décision[...].»
Selon une étude des habiletés à la pensée critique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakaren 2023.
Une influence sur l’opinion publique
Ce phénomène explique partiellement la vitesse de propagation d’une fake news en ligne. Comme pour les autres biais cognitifs, le biais d’ancrage peut influencer l’opinion publique, si volontairement utilisé à des fins d’influence.
Aujourd’hui, le monde médiatique dans lequel tout un chacun évolue est sur stimulant. Au cœur des sociétés, l’infobésité subie par les populations facilite la tâche aux nombreuses campagnes de désinformation perpétuées aujourd’hui. De fait, la surcharge omniprésente de news oblige à ne retenir que l’essentiel. Les informations fausses ou trompeuses peuvent rapidement devenir virales, renforçant les préjugés et déformant la perception du public. Cette prolifération de la désinformation ne porte pas seulement atteinte à l'intégrité de l'information, mais élargit également les divisions sociales et érode la confiance.
Comment s’en protéger ?
Aujourd’hui, l’Afrique est le terrain de jeu par excellence de la désinformation. Cela dans un contexte de rétention de l’information et de musellement de la presse particulièrement forts, dans certains pays.Il est donc essentiel de faire toute la lumière sur le phénomèneetde s’éduquer à son fonctionnement pour mieux l'éviter.
En tant que biais cognitif, l'effet d'ancrage est subconscient. La meilleure façon possible de contrer le biais d'ancrage est d'être conscient de son existence. Sans tomber dans une paranoïa ambiante, recouper une première news avec d’autres sources reste à la base d’un travail de fact-checking.
Aussi, selon différentes études, disposer d’un certain niveau de connaissances sur un sujet permet de réduire l’effet d’ancrage.Travailler en groupe donne lieu au partage de différents points de vue et contribue à développer son esprit critique. Cela diminue l’effet du biais d’ancrage.