Les médias sociaux ont bouleversé la manière d’appréhender positivement ou négativement l’information. Par le passé, seul les journaux, les chaînes de télévision et les radios fournissaient des informations appropriées sur les événements mondiaux. Ces médias disposaient de procédures standardisées de vérification des faits pour confirmer les informations afin et de contrôler chaque information diffusée aux auditeurs. Ils disposent également de régulateurs qui les tiennent pour responsables en cas de “fake news”, de diffamation ou de calomnie.
Toutefois, le public s'est méfié des médias traditionnels car certains d'entre eux se sont politisés. Suite à l’’utilisation massive des smartphones et de la perte de confiance dans les médias traditionnels, les utilisateurs se tournent de plus en plus vers des sites et blogs en ligne non réglementées pour s'informer. Avec la popularité des médias sociaux, de plus en plus d'individus ont créé leur propre site d’information en ligne et des blogs influent pour gagner de l'argent et se faire connaître. Cette nouvelle confiance dans les médias sociaux est devenue une arme de désinformation, car ces médias en ligne diffusent rapidement des informations, sans régulateurs et sans procédures normalisées; conséquences: ils rapportent parfois des informations non vérifiées, qui peuvent être des "appâts à clics", nuisibles et trompeuses pour le grand public.Ces manipulations de l’information, attisent les distensions sur les questions d’ordre tribales, religieuses, politiques et sanitaires.
L’épidémie du virus Ebola et ses effets sont un parfait exemple, de désinformation. Des informations ont été diffusées pour guérir du virus Ebola, parlant d’un “remède magique” à base d'eau et de sel. Ce remède, prétendument approuvé par des personnalités éminentes, a entraîné des décès et engorgé les urgences.Durant la pandémie de Covid-19, plus de 33 fausses informations ont été colportées sur les médias sociaux (33 misconceptions peddled on social media) au sujet de l'origine du virus et du vaccin.Cet épisode a fortement démobilisé des citoyens pour se faire vacciner.
« Avant les élections de 2019, des rumeurs ont circulé autour du décès du président Muhammadu Buhari (President Muhammadu Buhari had died) Ce dernier serait décédé alors qu'il était en congé médical au Royaume-Uni; et aurait eu une doublure à Abuja au Soudan”. La nouvelle visait à nuire sa candidature, mais elle s'est avérée fausse. Il s’avère que le président a fait campagne, a gagné, a achevé son mandat et a passé la main avec succès. Au cours des mêmes élections générales de 2019, des sources inconnues ont prétendu que le mouvement de défense des droits des LGBTQ (LGBTQ rights movement)au Nigéria avait soutenu la candidature de l'ancien vice-président M. Atiku Abubakar (Waziri Adamawa), porte-drapeau du Peoples Democratic Party. Ils sont allés plus loin en postant un tweet avec un compte parodique sur X anciennement twitter affirmant que M. Atiku Abubakar avait promis de légaliser le mariage entre personnes de même sexe au cours de ses 12 premières semaines de mandat. Ce narratif a été créé par des acteurs malveillant pour ternir l'image de M. Atiku Abubakar et ruiner son ambition présidentielle, car la plupart de ses partisans sont originaires du nord du Niger.
Certaines organisations se sont mobilisées contre la désinformation et ont crée des plateformes de vérification des faits, en formant des journalistes et en éduquant le grand public sur le danger que représente la manipulation de l’information.
The FactCheckHub est une organisation indépendante de vérification des faits et à but non lucratif créée en 2018 par le Centre for Democracy and Development . Bien que le FactCheckHub couvre les informations en Afrique de l'Ouest, il se concentre essentiellement au Nigéria en raison de sa population nombreuse et de ses désinformations caractéristiques.
Le FactCheckHub s'engage à promouvoir la culture numérique, la pensée critique et la vérification des faits afin de permettre aux citoyens de prendre des décisions en connaissance de cause.
Le FactCheckHub a joué un rôle essentiel dans la gestion des problèmes liés à la désinformation au Nigeria,vérifiant les contenus de blogs publiques et politques;notamment durant les périodes électorales. Le Centre for Democracy and Development a institutionnalisé l’ ELECTION WAR ROOM,qui a joué un rôle déterminant dans la lutte contre la désinformation, les activités des acteurs néfastes ainsi que sur la violence électorale lors des élections générales de 2023.
Idayat Hassan ( Idayat Hassan the director) , le directeur, a déclaré lors de la présentation que
« l'équipe surveille déjà tous les acteurs politiques, les organes de presse, les agences de sécurité, les vérificateurs de faits, l'arbitre électoral et toutes les autres parties prenantes. Nos notes hebdomadaires fourniront aux Nigérians des informations vérifiables sur les points de désinformation possibles, donneront un aperçu des questions controversées et litigieuses et prépareront les citoyens aux vagues de désinformation attendues dans l'arène politique. Dans cette salle de crise, notre objectif est simple: faire de cette élection la plus factuelle de l'histoire du Nigeria. Pas d'arme, uniquement des faits !».
Cela montre que FactCheckHub et que “l’Election war room” sont là pour garantir des élections libres et équitables.
Outre la vérification des faits, le FactCheckHub se consacre à l'éducation du public sur l'utilisation des outils de vérification des faits et sur les dangers de la désinformation. Il engage et forme les journalistes sur la manière de vérifier les informations à l'aide modérateurs sur leurs différentes plateformes. Ces actions ont permis de manière significative à réduire la violence lors des dernières élections générales de 2023, car la population a été en mesure de vérifier les fausses informations qui auraient normalement conduit à la violence et à l'inertie politique.
Au Nigéria, la lutte contre la désinformation n'est pas une promenade de santé, car le terrain est favorable aux préjugés tribaux et religieux,aux tensions politiques durant les périodes électorales et aux manipulations d’ordre sanitaire.
Depuis sa création,en 2018, l'association s'est heurtée à d'importants obstacles dans l'atténuation de la désinformation, tels que : le financement inadéquat et le manque de confiance dans les médias traditionnel liés à une faible culture numérique dans le pays. L’association s'attaque aux barrières linguistiques en fournissant des vérifications de faits dans les trois principales langues du Nigeria, à savoir le hausa, l'igbo et le yoruba.Le défi reste entier car le Nigeria compte plus de 520 langues.
Malgré ces revers, le FactCheckHub a joué un rôle déterminant dans la lutte contre la désinformation au Nigeria en dénonçant les fausses affirmations et en promouvant la culture numérique, en particulier pendant les élections de 2023 au Nigeria. Ses activités et ses mises à jour opportunes ont permis d'exposer de faux récits, de démystifier les « fake news » et de promouvoir l'esprit critique au sein de la population. L'organisation vise à fédérer une population nigériane mieux informée par le biais d’une formation citoyenne et collaborative.
En raison de la diversité du Nigeria, la lutte contre la désinformation nécessite une approche collaborative et globale ainsi que l’investissement de toutes les structures. Bien que des initiatives telles que FactCheckHub aient fait des progrès significatifs dans la lutte contre la désinformation en démystifiant les faux récits et en promouvant la culture numérique; le chantier est conséquent car au-delà des considérations religieuses , tribales et politiques s’ajoutent un financement inadéquat et un illettrisme numérique. Afin d’éduquer la population informée via la maitrise des médias C'est pourquoi une approche collaborative impliquant les institutions gouvernementales, les entreprises technologiques, la société civile, les organismes éducatifs et les organisations religieuses est pertinente pour construire une population informée et maîtrisant les médias.