Premier pays d’Afrique par sa superficie, la RDC bénéficie d’un panorama médiatique très diversifié. Elle compte plus de 7000 journalistes, 540 journaux, 177 chaînes de télévision, plus de 4 000 radios et 36 médias en ligne.

Selon l’étude annuelle de Target Sarl sur l’audience des médias en RDC (sept. 2023), la consommation globale des médias connaît une baisse générale depuis un an. Traditionnellement, la radio reste le moyen d’information préféré des Congolais, avec 52 % d’audience. Le petit écran, quant à lui, connaît une légère hausse, avec 23 % d’audience. Mais seules la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), la radio des Nations unies Okapi et Top Congo disposent d’une couverture nationale. La presse écrite, elle, connaît un déclin significatif et a presque disparu des régions situées en dehors de Kinshasa. Cette année, seulement 2 % des Congolais l’ont suivie. À l’inverse, les sites internet d’informations sont en plein développement et remportent 39 % d’audience.

Le journalisme, métier à haut risque

Selon un rapport de Journaliste en Danger (JED) publié en novembre 2023, 523 attaques diverses contre la presse ont eu lieu depuis le changement de gouvernement. Parmi ces abus, 130 journalistes ont été victimes de faits de menaces et de violence, 123 médias ont attaqués, censurés ou fermés, et cinq journalistes ont été tués. Cette année, les représailles se sont accélérées. Jamais la presse Congolaise n’avait autant été la cible d’arrestations, d’agressions, de menaces, d’exécutions, de médias suspendus, pillés ou saccagés.

Ce lourd bilan est une nouvelle déception pour la presse, ayant pourtant nourri espoir de gagner en liberté avec le quinquennat actuel. En 2019, les autorités s’étaient engagées à faire des médias un « véritable 4e pouvoir ». Quatre ans plus tard, le JED souligne le manque d’action concrète et la difficulté de mise en application de la législation.

Stanis Bujakera Tshiamala, journaliste pour le magazine Jeune Afrique et collaborateur de Reuters est incarcéré en RDC depuis le 14 septembre 2023. La rédaction d’un article dénonçant l’implication des services de sécurité dans l’assassinat de Chérubin Okende, ancien ministre des transports l’expose à une peine de dix ans de prison. Détenu pour les chefs d’accusation de « propagation de faux bruits, diffusion de fausses informations et falsification des sceaux de l’État », Stanis Bujakera Tshiamala est un symbole de la lutte en faveur de la liberté de la presse en RDC. « L’arrestation de Stanis Bujakera est politique et signifie que le régime en place donne un avertissement à tous les journalistes professionnels et libres d’esprit » déclare Steve Wembi, journaliste congolais. Ce dernier, ayant échappé à un enlèvement en octobre 2022, dénonce la corruption des autorités : « Aujourd’hui, il faut être un haut-parleur du régime pour vivre en liberté » affirme-t-il.

Vers des lendemains meilleurs ?

Si la RDC a su réévaluer la législation en matière de presse, remplaçant la loi de 1996 sur la liberté de la presse par une version plus actuelle, celle-ci continue d’être bafouée. Considérée comme un « premier pas vers la salubrité médiatique », la nouvelle loi de 2023 constitue tout de même une lueur d’espoir pour les journalistes Congolais, encore dans l’attente d’une amélioration de leurs conditions de travail.

Les élections présidentielles et législatives se tenant le 20 décembre 2023 sont elles aussi, très attendues par la presse. Elles seront décisives pour l’avenir des journalistes et pourraient sceller le sort de la liberté de la presse en RDC.