Au Cameroun, des foyers de tensions multiples qui alimentent la propagation des fausses informations et la manipulation.
Objet de questionnements divers ces dernières années sur le destin qui lui sera donné de connaître en octobre 2025, date annoncée de la prochaine élection présidentielle, le Cameroun a fini par devenir une véritable curiosité pour sa propre population, de plus en plus incertaine quant aux lendemains qui arrivent.
La crise anglophone, également appelée guerre d'Ambazonie, qui perdure dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016 ; les incursions Boko Haram à l’Extrême Nord ; la frontière orientale du Cameroun avec la crise centrafricaine en sont quelques exemples. Il convient d’ajouter que la vie chère et les discours de haine qui se matérialisent aujourd’hui en relents tribaux et replis identitaires demeurent inquiétants.
La sensibilisation au cœur des stratégies de prévention
Les réseaux sociaux sont le terreau privilégié de propagation et de divulgation de ces comportements au Cameroun, obligeant ainsi quelques ONG à descendre dans l’arène avec des discours de paix et de sensibilisation, à l’instar de Civic Watch qui semobilise contre la désinformation en ligne avant les élections au Cameroun. La semaine du 27 au 28 mars a été l’occasion pour elle de plancher sur les stratégies visant à faire face à cette menace croissante et à promouvoir la vérification des faits en Afrique.
Par ces temps de grande mobilisation où tous les regards semblent se porter vers 2025, il est plus qu’urgent d’encourager de telles initiatives dont les bénéfices seraient multiples en termes de sensibilisation sur les dangers potentiels de la manipulation électorale, la protection élection et la prévention des crises post électorales, commente Mesmin ADIHI, étudiant doctorant en sciences politiques.
Une législation contre la désinformation à renforcer
Bien que quelques acteurs publics et parapublics soient présent sur le champ de la prévention et de la répression dans le domaine, à l’instar du Conseil National de la Communication (CNC), organe de régulation des médias, et l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC), qui assure la promotion et le suivi de l’action des pouvoirs publics en matière de TIC, le pays ne dispose pas à proprement parler d’une législation spécifique de lutte contre la désinformation. Toutefois, quelques lois ont été votées punissant la diffusion des fausses nouvelles, notamment : le Code pénal camerounais en son article 113, la loi relative à la cyber sécurité et la cybercriminalité en son article 78-1 et la loi régissant l’activité audiovisuelle au Cameroun en son article 8-3. Les pistes de rigidité sont en exploration à ce jour, pour tenter d’apporter des réponses appropriées à ce phénomène qui domine l’espace public camerounais.
Par Christian ESSIMI