La menace des deepfake
L’Afrique, à l’instar du reste du monde, subit de plein fouet les menaces engendrées par la croissance démesurée de l’IA. Parmi les effets notables, les campagnes de désinformation ciblant, dans la plupart du temps les personnalités publiques.
En Guinée, au cours du mois de mai, le pays a vu passer une vague de fake-news particulièrement virulentes. Parmi elles, des deepfakes. Le plus viral est une vidéo montée de toute pièce, remettant en cause la moralité du ministre guinéen des Mines et de la géologie, Moussa Magassouba, accusé de corruption.
Dans ladite vidéo, on observe une présentatrice en plateau télé, annoncer un faux reportage selon lequel Moussa Magassouba aurait accepté un pot-de-vin d’environ 500 000 euros, d’hommes d’affaires chinois. En réalité, le plateau télé comme la présentatrice sont issus d’une banque d’images à animer en ligne par IA. Le journaliste cité comme auteur du reportage n’existe pas. Les images présentées dans la vidéo ont été détournées, extraites d’un reportage sur un fait divers de blanchiment d’argent au Canada.
Selon Sally Bilaly Sow, fondateur du média de vérification Guinée Check, de telles publications peuvent induire en erreur des populations moins instruites, n’ayant jamais entendu parler du concept.
Éduquer et légiférer comme ultime défense
Si l’Afrique était déjà le banc de test de la désinformation bien avant l’avènement de l’IA, l’arrivée de celle-ci amplifie le phénomène. En cause, le manque de lois sur le sujet au sein du continent. « Pas vu, pas pris » ? L’insuffisance d’encadrement légal autour de l’utilisation mal intentionnée de cette technologie ouvre la porte aux campagnes de désinformation de masse.
Malgré tout, certains organismes prennent des initiatives pour maîtriser le sujet, former l’élite de demain et instruire la population face à la montée croissante de ces contenus. Aiguiser son esprit critique et développer une expertise dans le domaine est primordial. Au Niger, l’Ecole Supérieure des Communications Electroniques et de la Poste (ESCEP) a récemment lancé un Master en IA ! Même son de cloche en Afrique du Sud à l’Institut africain des sciences mathématiques, parrainé par Facebook et Google.
L’Intelligence Artificielle Pour le Développement de l’Afrique (IAPD Afrique), quant à elle, développe des projets partout sur le continent, en collaboration avec les communautés politiques et scientifiques locales. L’objectif est de renforcer le savoir et la recherche concernant l’IA, en respectant les trois piliers du développement durable.