C’est par une correspondance datée du 19 juillet 2024 que le barreau du Cameroun a pris position suite à la publication de l’arrêté préfectoral en question :« le Conseil de l’Ordre envisage de donner au Bâtonnier de l’Ordre mandat pour entreprendre en son nom, toutes les actions qu’il juge utiles à la sauvegarde des valeurs républicaines d’unité et d’intégration et redonner au Peuple camerounais l’opportunité de vivre dans un pays apaisé ». Une intervention de plus, qui vient préciser le caractère indigeste de cette décision du préfet qui menace la liberté d’expression dans son ensemble.
Or jamais par le passé, une de ses décisions n’a autant suscité de critiques. Emmanuel Mariel Djikdent est pourtant, depuis plusieurs jours, sérieusement critiqué par la presse nationale camerounaise pour son arrêté du 15 juillet 2024 menaçant d’interdire de séjour toute personne, dès lors que« l'on s'attaque aux institutions ou que l'on appelle au soulèvement ».
Journaliste en exil aux Etats-Unis, directeur de publication et éditorialiste du quotidien privé camerounais Le Jour, Haman Mana, se dit sidéré par cet arrêté du préfet du Mfoundi.
Comme lui, de nombreux autres journalistes, en majorité issus de la presse privée locale, se disent inquiets pour l’avenir de la liberté de la presse au Cameroun, à presqu’un an de la tenue des élections présidentielles en 2025.
La une du Messager, « Présidentielle 2025 : la mesure provocatrice du préfet du Mfoundi » est en cela révélatrice du sentiment de la communauté journalistique camerounaise.
Toutefois, il convient de préciser que la presse camerounaise n’est pas seule à montrer son indignation face à ces manœuvres pour tuer la liberté d’expression. Pour Akere Muna, homme politique, avocat et militant des droits de l'homme, c’est la constitution du pays qui est ainsi foulée au pied sans aucun respect des accords internationaux signés et ratifiés par le Cameroun.
Autant de critiques qui n’ont pourtant rien changé jusqu’ici à la position du préfet. Dans les colonnes du quotidien gouvernemental en effet, il est resté ferme sur ses positions malgré quelques nuances :« Personne n’est malvenu à Yaoundé. Mais on n’admettra jamais qu’au nom de la liberté d’expression l’on s’attaque aux institutions ou que l’on appelle au soulèvement ».
Christian ESSIMI