Face à la menace grandissante de la désinformation qui mine les processus électoraux en Afrique, un forum important s'est tenu les 5 et 6 août 2024 à Yaoundé, au Cameroun. Organisé conjointement par CIPESA et ADISI-Cameroun, cet événement a rassemblé des acteurs clés pour renforcer leurs capacités et élaborer des stratégies concrètes afin de prévenir la désinformation et les discours de haine en ligne à l'approche des élections présidentielles de 2025 au Cameroun.
L’urgence d'agir collectivement
La désinformation représente l'un des défis majeurs pour la démocratie en Afrique. Au Cameroun comme ailleurs, elle contribue à la manipulation des perceptions du public, influence les processus électoraux et érode la confiance dans les institutions. Comme l'a souligné Simone Toussi, la coordinatrice pays de CIPESA, la désinformation dans un contexte électoral représente un danger réel pour la démocratie. Il est urgent d'agir collectivement pour y faire face.
Comprendre la situation au Cameroun
Au cours du forum, les participants ont pu bénéficier de deux présentations approfondies sur la situation de la désinformation au Cameroun. Paul-Joël Kamtchang, le secrétaire exécutif d'ADISI-Cameroun, a dressé un tableau détaillé des différentes formes que prend la désinformation dans le pays, des manipulations de l'information aux discours de haine. Le Dr. Romeo Saa Ngouana, chercheur senior au think tank CEIDES, a quant à lui analysé l'impact des réseaux sociaux sur la propagation de la désinformation lors de la dernière élection présidentielle de 2018.
Des master class pour renforcer les capacités de lutte contre la désinformation sont offerts
Le forum a proposé une série de master class animées par des experts permettant aux participants d'approfondir leurs connaissances et de développer de nouvelles compétences essentielles pour lutter contre la désinformation.
La première master class, animée par Marthe NDIANG, rédactrice-en-cheffe de DataCheck, a abordé les principes et normes du fact-checking. Les participants ont pu se familiariser avec les différentes catégories et manifestations de la désinformation, ainsi que les étapes de détection et de vérification d'une information. Ils ont également bénéficié d'une démonstration pratique des outils technologiques utilisés par DataCheck.
La seconde master class, animée par Blaise Pascal ANDZONGO, président d'Eduk-Media, a porté sur l'éducation aux médias et à l'information (EMI). Les participants ont appris à mieux comprendre comment les jeunes s'informent et se désinforment à l'ère des médias sociaux. Ils ont aussi étudié en détail les différents types de désordres informationnels, leurs caractéristiques et leurs conséquences. Cette session a également abordé l'importance de l'EMI, les compétences fondamentales à développer, ainsi que des stratégies pour aider les jeunes à se forger un esprit critique face à la désinformation.
Des pistes d'actions concrètes
Forts de ces éclairages, les participants ont ensuite travaillé en groupes pour formuler des recommandations visant à prévenir la désinformation et les discours de haine dans la perspective des élections de 2025. Parmi les propositions, on peut citer l'importance pour le gouvernement de sauvegarder les libertés, de promouvoir l'accès équitable à l'information et de développer l'éducation aux médias. Les partis politiques, quant à eux, devraient élaborer une charte de lutte contre la désinformation et les discours de haine en période électorale et s’engager à le respecter. Les principales recommandations sont consignées dans la déclaration de Yaoundé qui sera publiée dans les prochains jours.
Face à la menace de la désinformation, la tenue de ce forum à Yaoundé a permis de réunir des acteurs clés autour d'un objectif commun : prévenir les dérives informationnelles qui minent les processus électoraux au Cameroun. En unissant leurs forces et en mettant en place des stratégies concertées, les participants espèrent contribuer à des élections plus transparentes et démocratique.
Par GARAOBE SALOMON, Contributeur Fact au Cameroun