Le 29 janvier 2024, un arrêté du ministère de l’Intérieur du gouvernement de transition suspend les activités de la Maison de la presse du Niger. Cette association, présidée par Ibrahim Harouna, incarne un lieu d’échanges et de débats pour l’ensemble des journalistes nigériens. Cet arrêté annonce la nomination de nouveaux administrateurs à la tête de cette association. Une décision prise par le ministre de l’Intérieur alors que le bureau du conseil d’administration de la Maison de la presse était en fin de mandat.
Cette décision quelque peu étonnante est soutenue par les journalistes membres qui désapprouvent néanmoins la composition du comité. Ce changement a été discuté plusieurs fois, notamment avec Reporters Sans Frontière (RSF). Serait-ce une sorte d’ingérence des autorités militaires depuis le dernier coup d’état ?
Une réorientation de la liberté de la presse
À la suite de ces décisions, les changements se poursuivent. Le 16 avril à Niamey est annoncé l’émergence d’un nouveau cadre d’actions des professionnels des Médias au Niger (CAP-Médias-Niger). Les journalistes, techniciens et professionnels des médias se sont réunis afin de « promouvoir la liberté de la presse » et contribuer à la « refondation et à la sauvegarde de la patrie »1.
. Cette création a pour objectif de soutenir les autorités du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), sous couvert apparent d’améliorer les conditions de travail des médias nigériens.
Le CAP-Médias-Niger : une coquille vide ?
Quels sont les médias et professionnels impliqués dans ce nouveau cadre ? Aucune mention n’est faite d’eux. Ces derniers existent-ils vraiment ? Sont-ils frileux à l’idée de soutenir une junte qui ne fait que réduire leur liberté d’expression ?
Cette initiative pousse à remarquer l’implication, peut-être inquiétante, des autorités nigériennes vis à vis des médias et de la presse dans le pays. Ce mécanisme n’est pas nouveau : des pays tels que le Burkina Faso et le Mali ont déjà subi des entraves à la liberté de la presse suite aux différents coups d’État qui s’y sont produits.
La CNSP semble vouloir intervenir sur tous les fronts. Abus de pouvoir ? La place des médias est en remaniement, le nouveau gouvernement semble tenter un positionnement plus radical.