L’ampleur de la désinformation n’est pas à ignorer au Cameroun. Pourtant, presque personne ne semble rien faire pour en stopper les dégâts.

La désinformation : une menace grandissante pour la jeunesse camerounaise

Depuis plusieurs années maintenant, la désinformation continue, sans difficulté aucune, de faire des victimes au sein de la jeunesse camerounaise, massivement présente dans les réseaux sociaux.

« Aujourd’hui au Cameroun, deux adolescents sur trois sont soit exposés à un smart phone ou en sont tout simplement détenteurs. Ils prennent ainsi d’assaut les réseaux sociaux, et ont accès à des informations dangereuses diffusées en ligne de façon précoce pour leurs âges, sans le contrôle de leurs parents. Les conséquences sont visibles sur tous les plans et dans tous les aspects de la vie au quotidien. »

Déclare Frank GUISSIMBI, sociologue à Yaoundé.


Les conséquences désastreuses des réseaux sociaux sur les adolescents

Exposés comme ils le sont aux messages clivants et durs sur les réseaux sociaux, axés autour de l’identité communautaire, ces adolescents en sortent complètement contaminés par les discours de haine qui prolifèrent, au point d’observer chez eux, une tendance croissante à la violence et aux agressions.
Selon Vincent Sosthène FOUDA, universitaire camerounais, les informations publiées dans les réseaux sociaux sont en grande partie toxiques pour la santé mentale des adolescents. Ces derniers auraient d’ailleurs provoqué une augmentation de la consommation des drogues dans le pays entre 2010 et 2020.


Une réponse insuffisante face à une crise nationale

Malgré l’urgence qui donne à agir, presque rien n’est fait sur le terrain du réel, en termes de réponse efficace à ce phénomène qui gangrène et pollue la jeunesse. Presque pas une campagne officielle n’a vu le jour, aucune action d’ampleur nationale n’a encore fait l’objet d’une mise en narration publique, c’est le silence total.
Quelques actions solitaires sont cependant à relever, venant en majorité des acteurs de la société civile, à l’instar de l’association Eduk-média dont l’action débutée en 2016 auprès d’une cible composée essentiellement de lycéens est toujours en cours. L’objectif étant de leur donner des outils nécessaires, pour mieux naviguer sur internet, afin d’éviter qu’ils continuent à être des relais passifs ou actifs de la désinformation. Cela suffira-il à faire peser la balance ? Pas si sûr au regard de la gravité des dégâts que cause ce phénomène de désinformation, lequel chaque jour semble encore gagner du terrain. Evidence même d’une stratégie de lutte peu articulée et donc, à organiser à court terme.

Christian ESSIMI