Le Burkina Faso suit de près l'Egypte et la Côte d'Ivoire
Le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo répond la semaine dernière sur la question de l’encadrement juridique qui permet de limiter les effets néfastes de la liberté d’expression.
Il existe de nombreuses institutions de régulation de la presse et de l’information au Burkina Faso. Néanmoins, on peut identifier quelques faiblesses inhérentes au système.
Parmi elles, on peut noter la non-maîtrise de l´identification des abonnés des réseaux téléphoniques, l’absence de cadre de concertation entre les acteurs du numérique, ou encore la faible collaboration avec les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft).
Le ministre de la communication burkinabè affirme pourtant qu’il existe un cadre juridique adapté mis en œuvre par des équipes compétentes en la matière.
Pour aller plus loin dans cette logique, le gouvernement travaille sur un projet de textes de réformes sur la liberté de la presse qui seront prochainement transmises sous la forme de recommandations à l’Assemblée législative.
Le contrôle sera au cœur de ces nouvelles orientations, et notamment sur le réseau social Facebook. En effet, une des idées concernera la contrôle renforcé des pages Facebook regroupant un nombre important d’abonnés. Cette disposition a déjà fait l’objet de lois votées en Côte d’Ivoire et en Égypte.
La liberté d’expression sur les réseaux sociaux est-elle menacée ?
Si un contrôle des plateformes est déjà en place permettant de lutter contre les discours haineux et discriminants, les États souhaitant contrôler à leur tour le contenu diffusé sur les réseaux sociaux envoient un tout au autre message aux internautes.
De façon générale, les Africains sont plutôt favorables à l’impact des médias sociaux sur leur quotidien. On le remarque notamment sur leur perception des sujets politiques.
En effet, selon une étude de Afrobarometer datant de 2022 :
« Les répondants déclarent dans leur grande majorité que les médias sociaux informent les utilisateurs sur la politique (89%) et contribuent à l'autonomisation politique des gens (73%). D'autre part, ils estiment que les médias sociaux prédisposent les gens à croire plus facilement aux fausses informations (75%) ».Source : Afrobarometer, 2022.
Les Africains sont donc parfaitement lucides sur les dérives liées aux réseaux sociaux. Un contrôle renforcé de la part des Etats pourrait envoyer un message négatif en termes de respect de la liberté d’expression. Espérons qu’elle ne suive pas les pas de sa grande sœur la liberté de la presse qui souffre sur le continent.